Lettre 855


Année 388


(Dossier Tatianos)


Nouvelle recommandation pour Hésychios (cf. ep. 854) qui se rend à Constantinople. La fin de la lettre renvoie à l’accusation dont a été victime Libanios : soutenir l'« usurpateur » Maxime.


Τατιανῷ


1. Ἔχει τῶν περὶ τὴν ὁδὸν ἱδρώτων ἆθλον ἱκανὸν Ἡσύχιος τὴν σὴν ἰδεῖν κεφαλήν. καὶ τῷ μὲν τοῦτο ἀποχρήσει μετὰ τοῦ πάντας ἀνθρώπους εἰδέναι τὴν εὔνοιαν ᾗ περὶ αὐτὸν κέχρησαι, τὴν οὐ πολὺ λειπομένην τῆς παρὰ τῶν θεῶν. ὥσπερ γὰρ οὐδεὶς ἠγνόει τῶν Ἀχαιῶν, ἥτις ἦν ἡ Ἀθηνᾶ περὶ τὸν ἐκ τῆς Ἰθάκης, οὕτω νῦν οὐδείς, ὅστις Τατιανὸς περὶ τὸν Ἡσύχιον. 2. ἀλλ’ ὁ μὲν οὐδὲν ἂν ζητήσαι πλέον, σὺ δ’οὐκ ἀξιώσεις ἐν οἷς ἔδωκας στῆναι· προσέσται δὲ ἴσως τι καὶ ἕτερον τῆς σῆς φύσεως ἄξιον. ἀλλὰ ταῦτα μὲν θεὸς τελοίη, γράφειν δὲ οὐκ ὤκνησά σοι πάλιν ἐγκαλούμενος ἐφ’ οἷς ἀφείθην, θράσει μὲν οὐδενί, τῷ πεπιστευκέναι δὲ μηδὲν ἠδικῆσθαι παρ’ ἐμοῦ τὸν βασιλέως οἶκον. 3. ἡμῖν δὲ ὅτι μὲν κόσμος τὰ παρὰ σοῦ γράμματα, καὶ οἶδα καὶ πρὸς ἅπαντας λέγω, τούτων δὲ ἡμῖν οὐκ ἐρχομένων, μέχρις ἂν ψῆφος ἐνεχθῇ περὶ ἡμῶν, οὐκ αἰτιασόμεθα τὴν σιωπήν.

à Tatianos


1. Hésychios considère qu’il lui suffit pour être récompensé des fatigues liées au voyage de voir ta personne. Et cela le satisfera, d’autant plus que tous les hommes connaissent la bienveillance dont tu as usé à son égard et qui le cède de peu à celle qui vient des dieux. Car de même qu’aucun des Achéens n’ignorait comment était Athéna envers l’homme d’Ithaque1, de même nul n’ignore aujourd’hui comment est Tatianos envers Hésychios. 2. Lui ne demandera rien de plus, alors que toi tu ne jugeras pas digne d’en rester à ce que tu as donné : tu ajouteras peut-être encore un autre don digne de ta nature2. Eh bien, qu’un dieu y pourvoie ! Quant à moi, encore une fois accusé de ce dont j’ai été acquitté, je n’ai pas hésité à t’écrire, sans aucune impudence, mais convaincu de n’avoir en rien offensé la maison de l’empereur3. 3. Pour nous, une lettre qui vient de toi est un honneur4 : je le sais et je le dis à tous, et s'il ne nous en arrive pas d’ici à ce que la décision nous concernant soit prise5, nous ne l’imputerons pas au silence6


1. Référence générale à l'Odyssée et à la protection dont Ulysse bénéficie de la part d'Athéna.

2. Insistance sur le surenchérissement du don lié à la puissance et à la générosité de Tatianos.

3. Libanios, soupçonné d'avoir soutenu Maxime, se défend de toute accusation et manifeste sa loyauté à l'empereur ; soutenir un usurpateur s'apparente en effet à un crime de lèse-majesté.

4. Le mot grec est κόσμος : la « parure », l'« ornement ». On pourrait aller jusqu'à traduire par « un bel honneur » pour rendre ce sens premier.

5. Il s'agit de la décision de l'empereur lavant Libanios de tout soupçon. L'indication temporelle souligne la lenteur des procédures : Tatianos aura  le temps d'écrire. 

6. Si on ne peut préciser le contenu de la lettre attendue par Libanios, il est très probable qu'elle soit en relation avec cette affaire. Le « silence » fait référence à l'absence de courrier de Tatianos qui serait due aux lenteurs de la poste, non à la négligence du préfet.