Index institutionnel
A
Ambassade/Ambassadeur
Les ambassades sont une des institutions essentielles permettant de conduire la diplomatie de l’Empire auprès des puissances étrangères, mais aussi d'assurer la communication entre les gouvernants et les gouvernés et, en particulier, les cités (elles s'appellent plus exactement légations). Les ambassadeurs sont des personnages de grand poids, car ils représentent la communauté qui les mandate : ainsi les πρέσβεις (legati en latin) envoyés par les cités sont des notables appartenant aux grandes familles, forts de leur culture et de leur éloquence. Ils doivent savoir convaincre et être également capables de s’orienter dans les arcanes de la cour, ce qui suppose des appuis. Il n'existe pas d'ambassades permanentes ni de résidences spéciales pour ces envoyés dans l'Antiquité Certaines légations sont régulières, comme celles qui accompagnent l’offrande de l’or coronaire. D’autres sont dictées par les circonstances ou une nécessité urgente (exemple de la légation de Synésios de Cyrène à Constantinople). Libanios recommande à plusieurs reprises des ambassadeurs, en particulier des Antiochéens, à des membres du cercle de la cour. |
Agens/agentes in rebus
Membres de l’administration préfectorale. Personnages au rôle importan,t mais mal défini. Ils sont les yeux et les oreilles du préfet du prétoire qui les envoie en mission. On les appelle pour cela les curiosi. Ils ont en général mauvaise réputation, car sont considérés comme des espions. En réalité, ils permettent de contrôler et de dénoncer les malversations des représentants civils et militaires de l'État et sont donc des instruments de régulation du pouvoir. Plusieurs correspondants de Libanios sont des agentes. |
Delmaire 1995, p. 116-118. |
Assesseur
Comme aujourd'hui les assesseurs sont des juristes qui assistent le juge lors des procès. Ce sont des avocats mais tous les avocats ne deviennent pas forcément des assesseurs. |
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Atélie/immunité
Exemption des charges en fonction du statut des personnes et de privilèges reconnus par l'Etat. Certaines professions sont par exemple dispensées des charges curiales : les médecins, les professeurs (dont Libanios), les armateurs et naviculaires en charge de l'annone... La dispense part du principe que ces professions sont déjà au service de la communauté et ne peuvent être sollicitées deux fois. |
Auguste
Titre honorifique qui désigne le plus élevé au sein du collège impérial. Tous les empereurs portent ce titre qui renvoie au fondateur de l’Empire, Octave-Auguste (Imperator Caesar Augustus), surnom qui a alors une connotation religieuse forte. Les Augustes, empereurs en exercice, sont deux à partir de la mise en place de la tétrarchie (« gouvernement des quatre »). (Voir aussi César). |
Avocat
La profession d'avocat joue un rôle important à l'époque tardive du fait de l'évolution des attributions des gouverneurs : ceux-ci ont en effet pour tâche essentielle de rendre la justice, d'où leur désignation commune comme judices. Le gouverneur est donc assisté par des avocats et il est souvent lui-même un ancien avocat. La formation rhétorique dispensée par les rhéteurs et professeurs comme Libanios reste une voie royale pour se faire remarquer par ses qualités oratoires (cf. ep. 838) et accéder au barreau, mais cette formation est concurrencée par les écoles de droit (peut-être en latin) en particulier celle de Bérytos. Libanios dénonce évidemment cet apprentissage purement technique et utilitaire, souvent acquis après une première formation littéraire, mais qui fait oublier cette culture ancestrale. |
Festugière, 1959, p. 94-96 à propos de l'Or. LXII, Contre les détracteurs de sa paideia ; Carrié 1999. |
C
César
Titre honorifique qui désigne les membres du collège impérial situés en dessous des Augustes ; dans le système tétrarchique instauré par Dioclétien, les Césars sont censés devenir Augustes quand les précédents tenants du titre abdiquent le pouvoir. (Voir aussi Auguste). |
Charges municipales/munera
Ce sont les obligations publiques qui incombent aux citoyens et aux curiales en fonction de leur statut juridique : le grec les désigne par le terme de liturgie, « service », le latin (codes de lois) par le terme de munus/plur. munera, « don », puis « charge » ; on distingue les munera personalia (différentes prestations de services) et les munera patrimonalia (participations financières) pour les plus riches. Les munera extraordinaria ou sordida, corvées proprement dites, sont imposées aux seuls humiliores. Parmi toutes ces charges, l'une des plus importantes est la perception des impôts opérée à l'échelle de chaque cité : la charge dépend du statut et de la fortune et les curiales jouent le rôle de percepteurs « gratuits ». Les simples curiales sont les susceptores, tandis que les principales sont chargés du recouvrement des arriérés et de la poursuite des fuyards : ils sont dits exactores. La répartition de ces responsabilités fiscales – essentielles pour l'État – entre les curiales des cités et les fonctionnaires impériaux a varié, donnant plus ou moins de responsabilités aux uns ou aux autres selon les époques. Les charges sont considérées par les intéressés comme lourdes, voire insupportables et expliquent en partie ce qu'on a appelé le phénomène de la « fuite des curiales ». Cependant, ces obligations statutaires permettent de réduire les inégalités sociales en contraignant les plus fortunés à assurer à titre personnel la continuité des services publics par leur finnacement ou leur organisation. |
Clarissime
Titre des sénateurs, qui correspond à la hiérarchie des dignités - du plus au moins élevé - illustres, spectabiles, clarissimi. On a souvent tendance à poser l'équivalence senator/clarissimus. Mais il existe des clarissimes qui ne sont pas membres du sénat, même si « les clarissimes possèdent tous la dignitas senatoria, sont soumis à la gleba senatoria », impôt sur la terre (Delmaire) ; de même, les femmes sont clarissimae, elles sont englobées dans l'ordo senatorium au sens large, mais ne siègent pas parmi les sénateurs. À partir de 440, seuls les illustres peuvent accéder au Sénat. |
Delmaire 1991, p. 734-735. |
Comes Orientis/Comte d'Orient
Fonction propre à l'Antiquité tardive et spécifique à l'Orient : sa création remonte au règne de Constantin, comme le titre honorifique de comes (comte). Le comes Orientis se situe au rang des vicaires, mais à la différence de ces derniers il est d'emblée clarissime ; il possède des attributions militaires. Il siège à Antioche comme le gouverneur de Syrie (consularis Syriae). Le comes Orientis englobe dans sa compétence l'Égypte, jusqu'à ce que Théodose donne au préfet d'Égypte (devenu praefectus Augustalis, connu sous ce nom dès 382) les attributions d'un vicaire sur toute cette province. |
Comes rei privatae/comte de la fortune privée
Il est l'un des deux comtes financiers et s'appelle en grec : κόμης τῶν πριβάτων/τοῦ ταμιείου. Il gère les revenus des biens du Prince, en particulier ceux des domaines fonciers ; ces recettes permettent de compléter les ressources de la fiscalité ordinaire et de renforcer la capacité de don de l’empereur (comme le fait le comes sacrarum largitionum). L’or coronaire est versé au trésor de la res privata. Dès les années 330, le comte de la fortune privée contrôle aussi les biens des cités et des temples confisqués par l’empereur Constantin. Ce comte a sous ses ordres une hiérarchie de subordonnés dans tout l’Empire. |
Delmaire 1995, 119-147. |
Comes sacrarum largitionum/comte des largesses sacrées
Il est, avec le comte de la fortune privée, l'un des deux comtes financiers ; il est désigné en grec par l'expression κόμης τῶν λαργιτιόνων/τῶν θησαυρῶν. Il est responsable du trésor impérial, alimenté par différents impôts et ressources ; à la tête de ce département central des finances, il assure la gestion des mines d’État et de certains ateliers, perçoit les impôts indirects (vectigalia), l’or des recrues, l’or oblatice (don exceptionnel réparti entre tous les clarissimes) ainsi que les nouveaux impôts de classe : la gleba, impôt sur les terres sénatoriales, et le chrysargyre (impôt « en or et en argent » perçu sur les artisans et commerçants tous les quatre ans). Ces impôts permettent d’alimenter les largesses (largitationes) du Prince, la solde en argent versée aux soldats et fonctionnaires, les dépenses de cour, dont les constructions impériales et les courses données par l’empereur, enfin les nombreux dons en espèces voulus par le Prince. La diversité de ses fonctions explique la présence sous ses ordres d’un personnel nombreux, dont, tout près de lui, les palatini. |
Commandement/ἀρχή
L'ἀρχή est le commandement, le pouvoir de commander. Libanios utilise très fréquemment ce terme essentiel du vocabulaire politique grec qui désigne le pouvoir exercé sur autrui par opposition à κράτος, le pouvoir souverain. Ἡ ἀρχή désigne, dans le vocabulaire classique, le pouvoir des magistrats : archontes, stratèges et de tous ceux qui exercent un pouvoir exécutif. On trouve ἀρχή/αρχία dans les composés comme μοναρχία, le pouvoir d’un seul, ou ὀλιγαρχία, le pouvoir de quelques-uns. Ce terme, riche de sens, renvoie chez Libanios au pouvoir des gouverneurs comme à celui des vicaires ou des préfets du prétoire, la hiérarchie entre ces différents niveaux de pouvoir étant simplement marquée par des superlatifs : « le plus haut commandement » désigne par exemple la préfecture du prétoire. Le commandement (ἀρχή) renvoie donc pour Libanios à toute fonction politique ou administrative, qu'elle relève de la sphère provinciale ou de la sphère impériale. |
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Consistoire
Le consistoire est l’instance qui succède au conseil du prince du Haut Empire. Le mot consistorium désigne aussi la salle où l’on se réunissait. Les membres du consistoire, sous la haute direction de l’empereur, traitent de toutes les affaires de l’État, des questions militaires aux affaires religieuses et discutent des projets de loi, ils nomment les dignitaires, accueillent et envoient légations et ambassades et rendent la justice (cour d’appel). En font partie les quatre ministres importants, les comtes du consistoire, de hauts fonctionnaires de l’administration centrale, divers hauts responsables comme les maîtres de la milice, parfois des sénateurs. Le préfet du prétoire n’en est pas membre de droit de même que le préfet de la Ville, mais ils peuvent être invités. Le protocole est très strict et souligne le caractère monarchique du régime : lors des séances du consistoire, un silence absolu était imposé dans le reste du palais par un corps spécialisé, les silentiaires. Les membres restent debout en présence de l'empereur assis (d'où le nom de l'institution). Le texte des séances, de même que celui des audiences impériales était pris en notes (en sténographie) par le corps (schola) des notarii impériaux, dirigés par un primicier. |
Consul/consulat
La magistrature collégiale de consul (en grec ὁ ὕπατος, ‑ου) qui remonte aux débuts de la République romaine existe toujours, mais elle n'est plus qu'honorifique. Couronnement de la carrière des honneurs, elle reste une dignité prestigieuse et coûteuse. Les consuls offrent en effet des diptyques consulaires, plus ou moins précieux selon le rang du destinataire. On a conservé de très beaux exemples en ivoire. Les consuls donnent aussi des jeux. La magistrature est abolie par Justinien en 541. L'empereur est toujours consul (voir les cérémonies d'accession au consulat de Julien qui se déroulent à Antioche, début janvier 363) ; à côtés des consuls ordinaires qui sont des personnages en fin de carrière, peuvent être nommés des consuls remplaçants (dits consuls suffects) en poste pour quelques mois. Mais seuls les consuls en titre au 1er janvier ont le privilège de l'éponymie, c'est-à-dire celui de donner leur nom à l'année : les Fastes consulaires en conservent la liste. Les consuls, désignés par le Sénat sur proposition de l'empereur, sont répartis entre Rome et Constantinople. La nouvelle capitale ne désigne cependant pas de consul suffect au contraire de Rome. En 391, par exemple, Symmaque, grand aristocrate romain, est le collègue au consulat de Tatianos. |
Pour un exemple de diptyque consulaire, celui de Magnos, en 518 : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/21/Magnus.jpg |
Consularis Syriae
Gouverneur de Syrie. Au Haut-Empire, le gouverneur de Syrie était un légat d'Auguste propréteur. Le consularis est le rang le plus élevé dans la hiérarchie des gouverneurs (consulares, correctores, praesides) établie depuis la réforme de Dioclétien. On parle d'une fonction consulaire, parce qu'elle rend digne d'accéder au consulat. Comme la Syrie est divisée, à la fin du IIe siècle, entre Syria Phoenicia et Syria Coele (chef-lieu Antioche), il faut distinguer deux séries de gouverneurs. Ainsi Proclos a été consularis de Syrie-Phénicie vers 382 (?) ; Loukianos, consularis de Syrie Coele ou « Syrie Creuse » en 388. Entre la fin du IVe siècle et le début du Ve siècle ap. J.-C. eut lieu un nouveau morcellement des provinces (en Syrie Première/Syrie Seconde et Phénicie Première/Phénicie Seconde). |
Cubiculum/chambre sacrée
Appartements privés de l'empereur ou de l'impératrice. |
Curiales/curie/βουλή
Les curiales sont les conseillers municipaux qui peuplent la curie, conseil ou sénat local d’une cité. Leur nombre peut varier selon l’importance de la cité, mais la fonction est toujours viagère. Les curiales constituent un ordre juridique, l’ordo decurionum, qui s’inscrit en dessous des deux ordres de noblesse, chevaliers et sénateurs, bientôt fondus en un seul ordre sénatorial au début du IVe siècle. Les curiales sont recrutés par cooptation selon des critères d’honorabilité et de fortune, car ils doivent des prestations de type évergétique à leur communauté (liturgies - en grec - ou munera). Ces charges, qui peuvent être particulièrement lourdes, expliquent que l’époque tardive voie se manifester la fuite des curiales, phénomène qui est sanctionné dans la législation. La curie est un conseil délibératif qui débat des principales affaires regardant l'administration de la cité ; la curie désigne ceux de ses membres qui doivent assurer des munera, elle choisit également ceux qui assurent des légations (ambassades). |
Curie
Nom du conseil municipal où siègent les curiales, mais aussi bâtiment qui accueille les séances. La curie d'Antioche, que Libanios nomme bouleuterion était située dans le centre de la ville, proche de l'agora et attenante au prétoire du Comte d'Orient. Il s'agissait d'un ensemble complexe comprenant plusieurs bâtiments, dont l'hémicycle pour les réunions, une cour portiquée et une bibliothèque. |
D
Diocèse
Circonscription administrative qui résulte des réformes de Dioclétien et Constantin. Elle regroupe plusieurs provinces : à sa tête se trouve un vicaire placé sous les ordres du préfet du prétoire ; dans le diocèse d'Orient, le vicaire est remplacé par le comes Orientis. Ce terme d'origine grecque (διοίκησις) est repris au Moyen Âge pour désigner une circonscription ecclésiastique et non plus civile. |
Domesticus
Titre qui renvoie à une fonction au sein de l'armée romaine (le grec οἰκεῖος apparaît comme son équivalent). On le trouve associé à protector : (protector) domesticus, mais il est souvent difficile de savoir si le titre seul de domesticus désigne un protector domesticus ou l'assistant personnel d'un officier ou d'un fonctionnaire. Les protectores sont un corps militaire d'où sont tirés les assistants des états-majors. |
G
Gouverneur
Le gouverneur est le représentant de l’autorité impériale à l’échelon d’une province. Les provinces sont elles-mêmes regroupées dans des diocèses (sous un vicaire), répartis dans les grandes circonscriptions que sont les préfectures du prétoire. Les gouverneurs sont eux-mêmes hiérarchisés, du plus élevé en dignité au moins élevé : consulares, correctores et praesides. Tout gouverneur est désigné comme ἄρχων par Libanios, sans distinction de rang. Les gouverneurs, nommés par l’empereur, répondent à différentes missions : exercer la justice, assurer la bonne rentrée des impôts, contrôler les curiales, entretenir (matériellement) les cités, bref « un pouvoir exécutif très répandu, dont la force se transmet hiérarchiquement du préfet du prétoire au dernier des praesides » (Petit 1955, p. 271). Les gouverneurs ont pour tâche de représenter l’État dans ses rapports avec les cités et doivent en particulier contrôler leurs finances (Carrié 1998, p. 19-20). Dans le champ d’action du gouverneur, on insistera surtout sur l’exercice de la justice qui représente une part essentielle du temps et des responsabilités qu'il assume. La vertu de δικαιοσύνη est l’une des plus prônées dans les portraits de hauts fonctionnaires (voir l’exemple de Rufin). |
Delmaire, 1995 ; Carrié, Introduction, dans Carrié, Duval 1998, p. 17-30 ; Émion 2023. |
L
Liturgie
Le mot grec signifie « service ». Dans le monde grec classique, il désigne une prestation gratuite que le notable consent pour le bien-être ou le confort de sa communauté civique, dans le cadre d’un évergétisme « libre », même si la contrainte, sociale, est forte. Dans l’Antiquité tardive, la liturgie désigne un service obligatoire dû par les curiales et les citoyens de chaque cité au titre de leur statut : ce sont les munera. Bien que le terme λειτουργία soit devenu l'équivalent de munus, Libanios joue de l’emploi du mot classique pour suggérer que ces charges imposées ne correspondent plus exactement au sens primitif du concept. Le terme de liturgie s’applique aussi au service du culte chrétien. |
M
Magister/pl. magistri
Maître. Nom donné aux chefs de bureaux de l'administration palatine, aux responsables des biens privés (magistri rei privatae) et aux principaux chefs militaires (magistri militum, « maîtres des soldats »). |
Delmaire 1995, p. 179. |
Magister epistularum
Il dirige le bureau des lettres (scrinium epistularum) qui est, avec le bureau de la mémoire (scrinium memoriae) et le bureau des libelles (libellorum), l'un des trois bureaux de la chancellerie impériale. Il existe également, avant le Ve siècle, un bureau des lettres grecques, pour écrire ou traduire les lettres en grec. Tous sont sous l'autorité du magister officiorum. Le bureau des lettres doit répondre aux lettres des magistrats, il peut recevoir également les légations des cités et des provinces. Il délivre aussi les brevets de nomination des membres des bureaux (officiales) des gouverneurs, vicaires et préfets. |
Delmaire 1995, p. 70-71. |
Magister militum
Littéralement « maître des soldats », souvent improprement traduit par « maître de la milice ». Ce grade désigne au début du IVe s. le chef d'état-major de l'armée centrale auprès de l'empereur, puis à partir de 337 (mort de Constantin) le commandant d'un corps expéditionnaire ou d'une armée affectée à la défense d'une région donnée de l'Empire, d'où la précision magister militum per Orientem, par exemple. |
Magister officiorum
L'un des principaux ministres qui entourent l'empereur. Sa fonction est militaire et civile. Il commande les scholes palatines (garde impériale de 3500 hommes) et gère les fabriques d'armes. Il est le chef des bureaux centraux (scrinia) qui se répartissent en scrinium memoriae (« bureau de la mémoire », qui conserve les archives), scrinium epistularum (« bureau des lettres ») et scrinium libellorum (« bureau des libelles » ou « suppliques »). Il supervise également les dispositiones, à savoir le service qui organise les audiences et les déplacements de l'empereur. C'est lui qui délègue dans les provinces les chargés de mission que l'on appelle agentes in rebus, ce qui fait de lui un ministre de la police. Il dirige aussi le cursus publicus. Par l'intermédiaire des bureaux et de leurs agents, il contrôle toutes les liaisons entre gouvernement et provinces (transmission des lois et édits, nominations). Si le maître des offices joue un rôle clé dans les affaires internes, il est aussi le premier responsable de la politique extérieure : il organise en particulier l'envoi et la réception des ambassades ; il a à sa disposition des interprètes de toutes les langues. Ses responsabilités font de lui, en Orient, le véritable « homme fort » du régime et du consistoire. Les insignes d’un magister officiorum en Orient, d’après la Notitia Dignitatum : le titre de la fonction sur un présentoir (en haut), des boucliers avec les emblèmes des scholes palatines, des armes et équipements militaires rappelant le rôle du magister officiorum à la tête des fabriques d’armes. |
Delmaire 1995, p. 75-95 ; Modéran 2003. |
Militia
Service de l'empereur qu'il soit civil ou militaire (l'administration civile ou l'armée). |
N
Notarius
Secrétaire chargé de sténographier les séances du consistoire ; le primicier (membre le plus élevé du corps) est chargé de tenir la liste de tous les fonctionnaires de l'empire, tant civils que militaires (laterculum maius). Les « notaires » sont des hommes de confiance de l'empereur et peuvent être chargés de missions délicates ; ils sont aussi appelés à organiser des commissions d'enquêtes et des tribunaux d'exception. Ils forment, en apparence, un corps militarisé et un grand nombre de notarii ont grade de tribuns. On peut les considérer comme « les instruments du pouvoir personnel du prince » (Piganiol). |
Piganiol 1973, p. 346 ; Delmaire 1995. |
O
Officialis/officium
Employé dans un officium, bureau d'un responsable administratif. |
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Or coronaire
Don que les cités doivent offrir à l'empereur dans diverses circonstances. À l'origine c'est une couronne d'or, d'où "or coronaire », que les alliés ou vaincus devaient présenter aux généraux romains. Puis ce fut un don par lequel les cités et communautés célébraient l'empereur lors de son avènement. Le cadeau pouvait aussi saluer une victoire, un jubilé ou tout événement heureux. Cela finit par devenir un prélèvement obligatoire que les curiales des cités devaient rassembler et apporter en ambassade au souverain. Il est versé au trésor impérial (res privata). |
P
Praepositus sacri cubiculi
Il est à la tête du nombreux personnel domestique qui s’occupe de la « chambre du Prince ». Comme le primicier du cubiculum et d’autres employés palatins, c’est un eunuque. Il a un statut particulier et peut devenir sénateur en sortant de charge. Jusqu’en 384, il est inférieur en dignité aux quatre comtes du consistoire. |
Delmaire 1995, p. 150-162. |
Praeses/pl. praesides
Ce terme latin, qui signifie « celui qui est à la tête de », désigne un gouverneur. Il est situé au dernier rang dans la hiérarchie des gouverneurs de province dans l'Antiquité tardive. |
Préfet du prétoire
La fonction a été créée au Haut-Empire pour assurer l’escorte de l’empereur et tenir la garnison de la capitale. Ces attributions militaires disparaissent sous Constantin, et la préfecture du prétoire devient une très importante fonction civile et administrative. Les provinces (dont le nombre est considérablement augmenté) sont regroupées en diocèses, elles-mêmes réunies en préfectures du prétoire. La définition de ces vastes circonscriptions a varié au cours du IVe siècle, mais elle se stabilise à la fin du siècle (Gaules/ Italie -avec Afrique-/Illyricum/Orient). La préfecture du prétoire d'Orient comprend la plus grande partie de l’Empire romain d’Orient, de la Thrace à la Cyrénaïque en passant par le Proche-Orient. Son siège est à Constantinople, près du palais impérial ; le préfet du prétoire est le deuxième personnage de l'État en Orient. Les préfets du prétoire sont devenus des administrateurs civils, formant un collège de deux à six membres, les plus élevés en grade, juste en dessous des empereurs. Ils ont les pouvoirs de ministres du souverain dans les quatre préfectures, mais leurs actes ne sont valables que sous son approbation. Quand Libanios parle d’un préfet du prétoire (essentiellement d’Orient) il désigne la fonction comme « la plus haute charge/μεγάλη ἀρχή » (ep. 919). Il peut aussi utiliser ὁ ὕπαρχος (ep. 918) qui est le correspondant grec du terme latin, bien attesté dans les inscriptions et chez Jean Lydus, De mag. I, 14. |
Préfet de la Ville
La préfecture de la Ville existe depuis les débuts de l'Empire pour gérer l'administration de Rome (PVR). Au Bas-Empire, c'est toujours le sommet de la carrière sénatoriale, mais les fonctions du préfet se sont élargies ; à Rome, en l'absence de l'empereur, le préfet préside le Sénat ; depuis Constantin, il concentre entre ses mains tous les grands services urbains : les vigiles, l'annone, la cura aquarum, les poids et mesures et différentes curatelles. C'est une fonction extrêmement prestigieuse et aux attributions très étendues, du maintien de l'ordre public à la direction des travaux publics et à l'organisation du ravitaillement de la capitale. Le préfet de la Ville exerce également une juridiction. Ainsi Quintus Aurelius Symmachus a été Préfet de la Ville de Rome en 384 et 385. À Constantinople, la fonction n'existe pas dès la fondation de la capitale : c'est un proconsul qui dirige la ville, héritier des anciens archontes de Byzance. En 359, pour répondre à l'élargissement du Sénat de Constantinople, Constance II dote la capitale d'un praefectus urbi, appelé en grec ὁ Ἔπαρχος τῆς πόλεως. Le préfet est seul responsable de l'administration de la capitale et de ses environs. Comme pour le PVR ses fonctions sont multiples. Proclos, fils de Tatianos, a été préfet de Constantinople de 388 à 392 : en cette qualité il présidait le Sénat et jouait donc un rôle décisif lors de la cooptation de tout nouveau membre. Libanios utilise aussi le terme ὁ ὕπαρχος (ep. 932, 4) qui lui sert également à désigner le préfet du prétoire. |
Préture/préteur
La magistrature de la préture subsiste au Bas-Empire et les préteurs, deux puis trois, ont encore des attributions judiciaires ; mais le rôle essentiel de la préture est de permettre l’accès au Sénat. Il ne s’agit cependant plus d’honneurs, mais de charges d’autant que le montant minimal des dépenses que les préteurs doivent assumer pour les jeux est fixé par la loi. Aussi les préteurs sont-ils désignés dix ans à l’avance pour pouvoir rassembler les sommes nécessaires. La nomination des préteurs a d’abord été faite par l’empereur sur proposition du Sénat, puis par le Sénat lui-même. |
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Q
Questeur du palais sacré/quaestor sacri palatii
Le questeur, de rang sénatorial, est le secrétaire du Prince ; il est chargé de rédiger les constitutions impériales, de régler le cérémonial des réunions, avec le maître des offices, il est aussi le porte-parole de l'empereur au conseil impérial : ce rôle en fit progressivement, à partir des années 350, le conseiller du Prince. C'est avec le maître des offices et les deux comtes financiers (comte des largesses sacrées et comte de la fortune privée) l'un des quatre principaux ministres, membres permanents du consistoire. |
S
Sénat
Le Sénat de Constantinople a été créé par Constance II plus de vingt ans après la fondation de la cité par Constantin : il fait partie des institutions indispensables au fonctionnement politique de la nouvelle capitale et aussi à son assise sociale. Il est organisé sur le modèle du Sénat romain, mais ne compte dans les tout débuts que 300 membres, clarissimes ; le philosophe et sénateur Thémistios, nommé préfet de la ville par Théodose, fut chargé de compléter le recrutement : il se vanta d'être parvenu à ce que le Sénat atteignît, en 384, le nombre de 2000 membres. Pour désigner le Sénat, Libanios emploie différents termes ou périphrases : le plus souvent, il emprunte le vocabulaire de la cité grecque classique avec le mot βουλή, ajoutant parfois un adjectif mélioratif (« grand », « sacré » ou « vénérable »). Nous le traduisons alors par « Conseil ». Libanios emploie aussi synedrion, terme utilisé, en particulier à l'époque tardive, pour désigner le Sénat romain et, dans ce cas, nous traduisons par « Assemblée ». |
Chastagnol 1970 ; Chastagnol 1976 ; Dagron 1984, p. 253 ; Chastagnol 1990. |
Syriarque
Le syriarque est le grand-prêtre du culte impérial à l'échelle de la province de Syrie, comme l'asiarque l'est pour la province d'Asie. Il dirige, une fois par an, les réunions de l'assemblée provinciale (koinon) qui regroupe les délégués des 17 cités de Syrie à Antioche ; il doit aussi organiser les jeux (ludi) qui accompagnent les célébrations du culte impérial. Ces spectacles prennent de plus en plus d'importance, au fur et à mesure que les manifestations de loyauté envers le Prince se laïcisent au IVe siècle. Le contenu de ces fêtes est discuté - sans doute des chasses, ep. 970 -, mais on doit exclure toute assimilation aux fameux Olympia d'Antioche. En effet, ces concours à la grecque (concours athlétiques et sportifs, théâtraux et musicaux) relèvent d'une autre tradition, sont dédiés à Zeus et connaissent une autre périodicité : ils ont lieu tous les quatre ans. De fait l'évolution des deux fêtes au Ve s. est fort différente. La législation rappelle que la syriarchie est une liturgie au sens classique du terme, c'est-à-dire que la personne qui l'assume doit s'y engager de son plein gré et sans aucune contrainte (CTh XII, 1, 103 de 383). Libanios connaît personnellement plusieurs grands notables d'Antioche qui ont été syriarques et a pu les aider dans la lourde tâche d'organiser ces jeux ou ces chasses : Kelsos dans les années 364-365 ou Argyrios en 390. |
Liebeschuetz 1959 ; Remijsen 2015 (sur les concours athlétiques) et Remijsen 2020. |
Suffragium
Recours à une personne qui a de l’influence et se trouve bien placée dans les cercles du pouvoir pour obtenir, moyennant de l’argent, la faveur ou le poste espéré. |
T
Tribun
Officier supérieur qui sert dans l’armée romaine. Les tribuns commandent différentes unités : soit une légion – les légats ont alors disparu –, soit l’un des numeri (corps de troupe qui n'appartient pas à une armée régulière), soit les scholes de la garde ou scholes palatines. |
V
Vicaire
Haut fonctionnaire dont la création remonte à la réforme de Dioclétien. Il est à la tête d’une subdivision administrative, le diocèse, qui regroupe plusieurs provinces. Il est hiérarchiquement situé sous le préfet du prétoire et il dispose de compétences judiciaires et fiscales. |